martedì 4 marzo 2014

Tristesses de la Lune


Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

— Charles Baudelaire
Les fleurs du mal



Sadness of the Moon
Tonight the moon dreams with more indolence,
Like a lovely woman on a bed of cushions
Who fondles with a light and listless hand
The contour of her breasts before falling asleep;
On the satiny back of the billowing clouds,
Languishing, she lets herself fall into long swoons
And casts her eyes over the white phantoms
That rise in the azure like blossoming flowers.
When, in her lazy listlessness,
She sometimes sheds a furtive tear upon this globe,
A pious poet, enemy of sleep,
In the hollow of his hand catches this pale tear,
With the iridescent reflections of opal,
And hides it in his heart afar from the sun's eyes.

— William Aggeler
 The Flowers of Evil